Pourtant entourées du même amour, mes quatre chiennes n’ont pu hélas bénéficier de la même publicité que Chanel ou maintenant Chloé, modernisme oblige.
NANE la Bittéroise

Lorsque, pour m’inciter à arrêter de travailler, j’ai eu au début de ma « retraite » la première d’entre elles, NANE, celle-ci a le plus compté pour nos deux fils, puisqu’elle les accompagnés durant leur enfance et leur adolescence.
NANE était un setter irlandais doté d’une robe somptueuse et un fouet splendide. J’adorais – quand ainsi que tous les chiens de chasse à l’arrêt – l’observer avec sa queue à l’horizontale. C’est grâce à elle que j’ai aimé courir et des années durant nous l’avons fait de conserve jusqu’à ce que ce soit moi qui la traîne et que je réalise que désormais, à onze ans, ce n’était plus de son âge, alors qu’au début j’étais à la traîne en suivant avec quelque difficulté son rythme rapide.
Une anecdote me revient que j’aime évoquer quand je le peux. Nos deux fils aimaient tellement cette chienne si douce et docile qu’ils lui passaient tous ses caprices : ainsi, par exemple lorsque nous partions en voyage tous les cinq, c’était Nane qui s’étalait de tout son long sur le siège arrière tandis que Stéphane, notre aîné était couché par terre derrière les deux sièges avant et Fabrice sur la plage arrière (en ce temps-là (les années 70) tout était permis …
Sinon je l’emmenais tout le temps avec moi où que j’allais, si c’était l’hiver au chaud sous une couverture quand j’allais au cinéma et l’été impérativement dans un endroit ombragé ou dans un parking couvert. Lorsque j’ai dû descendre à Toulouse pour m’occuper de mes parents tous deux hospitalisés aux deux bouts de la cité rose, elle m’a accompagnée durant les trois semaines que j’y passais avant de finalement remonter mes deux parents pour qu’ils vivent près de nous et quittent la vie dans les meilleures conditions. mon époux descendu pour un week end en train en a profité pour remonter le véhicule de mon père, pour lequel j’ai eu du mal en raison de son état de santé à convaincre les médecins de lui faire prendre la route. Mais hormis un temps épouvantable (orage, éclairs zébrant, camions sur la route – l’autoroute s’arrêtait en ce temps-là à Avalon -) tout se passa bien, bien que le voyage fut éprouvant surtout pour moi de conduire la nuit une grosse voiture.
J’avais, puisque je découvrais l’informatique en même temps qu’Internet, créé une page pour elle lorsqu’elle a été opérée par endoscopie – elle a n’avait que treize ans et l’opération par cette voie était expérimentale sur les animaux avant même les humains à cette époque – pour l’ablation d’une tumeur maligne à la gorge et j’avais passé deux jours à me morfondre de la savoir à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort… loin de nous.

NANE allait sur ses 17 ans quand à la maison, elle est morte dans mes bras après les deux piqûres salvatrices et elle a été la première des deux suivantes à être incinérée individuellement. Quelques années auparavant vers huit ans elle avait eu un cancer d’une mamelle dont l’ablation d’une chaîne avait stoppé l’avancement. C’est un animal qui est resté jeune jusqu’à la dernière semaine : ce n’est que là que son museau s’est teinté de blanc. Un matin dans la chambre de Stéphane, je me suis rendu compte à mon grand effroi qu’elle avait vomi son estomac. Fort heureusement un vétérinaire appelé en urgence vint sans délai pour constater qu’elle était en fin de vie et qu’il valait mieux abréger ses souffrances. Nous l’avons transportée à Nogent-sur-Marne où se trouvait le crématoire pour animaux et attendu qu’elle soit incinérée. J’ai gardé la petite caisse très longtemps avant de me décider à disperser ses cendres dans la mer.








L’anecdote du Mont St Michel
Nous étions partis avec ceux qui sont restés depuis plus de cinquante ans nos meilleurs amis un week end au Mont sans nos enfants laissés à leurs grands parents. Le samedi tout s’était relativement bien passé mais le lendemain nous devions pique-niquer dans la grasse campagne environnante où paissaient ces vaches normandes à la robe blanc et noir si caractéristique et c’est là que notre jeune chienne a commis la seule grosse bêtise de sa longue vie. Elle avait disparu à un moment et comme nous la cherchions nous l’avons retrouvée se vautrant langoureusement dans une bouse de vache très récente. Nous ignorions que les chiens étaient très gourmands de ces matières fécales tout simplement pour la beauté de leurs poils. Je crois que Jean-Louis n’a pas décoléré ensuite devant le désastre. Il a fallu avec nos amis saisir la chienne et tenter dans un petit ru de la nettoyer mais l’odeur restait tenace et c’est dans une voiture (une CX flambant neuf) empuantie que l’ouverture des fenêtres altérait à peine que nous sommes revenus à Paris. Le retour avec une chienne qui n’en menait pas large a été assez épique et il a fallu du temps pour faire disparaître et l’odeur et les stigmates de son passage dans notre voiture. Tout comme l’aboiement – abhorré de mon époux – qu’elle n’utilisait que grâce à son sixième sens quand le téléphone sonnait pour nous en avertir juste avant, ou sauter la barrière du jardin qu’elle n’a fait qu’une seule fois, vite calmée par le courroux de son maître, il n’y eut plus jamais de bêtise de la part de cette chienne si attrayante. Brice y était particulièrement attaché car elle était son refuge quand il avait de la peine après avoir été grondé, ce qui n’arrivait guère à son aîné.
JOY la Francilienne

J’ai tenu neuf mois avant que Jean-Louis me voyant inconsolable de la perte de celle qui était restée tant d’années à nos côtés, se décide à m’offrir un chiot que j’appelais JOY. Nous avions trouvé ce bout de Yorkshire en Seine et Oise et sa douce présence atténua le chagrin occasionné par le départ de Nane. Autant dire tout de suite qu’elle n’a pas fait l’unanimité chez mes fils : pour eux elle était irremplaçable car elle était la compagne fidèle des garçons et avait été le témoin de leurs joies et de leurs peines. Je leur ai pourtant expliqué qu’il ne s’agissait pas de chasser le souvenir de ce Setter qui tel un enfant a sa place indéfectible dans nos pensées, mais au contraire de lui faire une nouvelle place.
N’étant pas de pure race, Joy n’avait pas ses oreilles droites à mon grand désespoir et j’ai dû pendant un mois lui infliger des « béquilles » pour les lui donner. Et ça a marché ! Qu’elle était drôle avec ces pansements que je changeais régulièrement afin de mesurer la progression de la solidité des cartilages.
Pendant douze années nous l’avons emmenée partout où nous pouvions le faire grâce à sa petite taille. Même pour les longues randonnées, je la transportais dans un sac à dos pour chien pour lui éviter les trop longues marches. Lorsque nous sommes allés en vacances en Corse en ferry je l’ai même dissimulée dans un sac pour la garder avec nous en cabine car je savais qu’elle aurait supporté difficilement la cage en soute, et elle n’a pas pipé mot si je puis dire. J’avais le souvenir de Nane en soute et je ne voulais pas la voir souffrir sans « mot » dire. Il faut préciser que nous avons la particularité d’avoir des chiennes qui ont littéralement oublié d’aboyer.
Joy avait à peine trois mois quand, profitant de la piscine chez des cousins près de Béziers, elle s’est jetée à l’eau pour nous rejoindre et c’est un petit rat mouillé que j’ai pu récupérer et sauver ainsi d’une noyade certaine.

Une autre fois, lors d’un séjour à Golfe Juan chez des amis constantinois nous avions fait une virée en bateau au large de la « plage des milliardaires » et comme je regagnais la rive à la nage j’ai vu ma chienne sauter du bateau et venir s’installer sur mon dos pour m’accompagner. J’ai regretté qu’il n’y ait pas eu de photo pour mortaliser l’évènement.
Nous avions fait l’acquisition d’un duplex à St Aygulf où nous passions régulièrement nos vacances et un jour l’impensable a failli se produire.
J’avais pris l’ascenseur (nous étions au 3e étage) et vu juste à temps que la chienne ne m’avait pas suivie. Par présence d’esprit sans doute, j’ai arrêté l’ascenseur avant le premier étage pour le faire redescendre – la chienne toujours attachée à sa laisse à défilement était restée en bas imperturbable et j’ai réalisé là encore que le drame nous avait été épargné puisqu’elle aurait sans nul doute été étranglée. J’atteste que c’est la pure vérité. Là encore pas de souvenir imagé…
C’est grâce au harnais que le drame a été aussi évité et il m’a souvent été très utile : il m’a ainsi permis de la soustraire aux attaques intempestives de certains gros chiens.
J’ai toujours adoré déguiser mes Yorkshire qui se prêtaient volontiers à cette petite mascarade ; ainsi pour un Noël a-t’elle été transformée en « Doggie Noël » sans rechigner le moins du monde. Des trois chiennes je réalise qu’elle s’est montrée la plus docile à tous mes caprices, même pour un « shooting » en portant casquette et lunettes (fournies par une amie opticienne) …


Joy nous a quittés à douze ans après une journée de souffrances pour elle, alors qu’elle avait été empoisonnée, peut-être en avalant une feuille de laurier rose et que le vétérinaire consulté deux fois n’avait pas décelé ce type de poison, emportée, elle aussi dans mes bras, par une crise cardiaque. Le voyage effectué en Andalousie que nous avions réservé n’a pas réussi à atténuer la peine ressentie. C’est quasi immédiatement au retour que je me suis mise en quête d’une nouvelle petite chienne : nous avons pu ainsi recueillir une splendide Chanel de Monteray qui a pris la suite logique de la lignée des chiens que nous avons adoptés.
CHANEL la Serviannaise

Pour une fois, forte du lof attribué, je décidais dès ses 18 mois de la conduire à un concours organisé à Béziers. J’ignorais, naïve que j’étais, que seuls les éleveurs obtenaient les médailles enviées, mais elle toutefois, malgré son tout jeune âge, avec une tenue impeccable dans le défilé, avait obtenu la troisième place, sans doute parce qu’elle était particulièrement belle et que seule la couleur de sa robe ne convenait pas tout à fait au standard en vigueur. Je dois reconnaître que j’étais particulièrement furieuse du commentaire du juge qui m’avait conseillée de la ramener l’année suivante, la teinte de sa robe pouvant éventuellement s’assombrir !!! Inutile de dire que j’ai été vaccinée et décidée à ne plus jamais fréquenter ce type de concours. D’ailleurs pour appuyer ma décision elle a été immédiatement stérilisée pour ne pas être tentée de lui faire faire une portée.
Chanel a, elle aussi, fait intégralement partie de la famille. Si Joy (et Nane en mer) nageait sans aucun problème en piscine, Chanel s’y refusait systématiquement. Je ne me rappelle pas d’ailleurs avoir eu avec elle la moindre aventure, et pourtant elle aussi était ma compagne de randonnée quotidienne sauf quand mademoiselle s’asseyait sur son arrière-train et refusait tel un âne d’avancer. Elle était têtue mais n’avait pas d’origine bretonne ! Elle en a tracé pourtant des kms en ma compagnie.
Une anecdote me revient tout de même : lors d’un séjour à Paris nous étions allés avec notre groupe d’amis parisiens à une randonnée dans la capitale – grâce à ce type de randonnée nous avons découvert pas mal d’endroits inconnus du grand public d’ailleurs. mais ce jour-là une amie conférencière nous faisait visiter les Champs et plus particulièrement la place de la Concorde avec force anecdotes. Il faisait relativement froid et Chanel était blottie dans les bras de mon mari et on ne voyait que sa tête. Elle portait un collier fait de pierreries de son prénom et singulièrement nous n’avions pas vu le manège d’un groupe de japonais qui cherchait à nous photographier. En fait c’était Chanel et son fameux collier qui les intéressaient !!!

Notre petite chienne nous accompagnait partout et ce n’est qu’en trouvant une nounou particulièrement attentionnée que nous avons pu voyager à l’étranger mais guère plus d’une semaine à chaque fois. Chanel s’est très bien adaptée à ses bottines lorsque nous sommes allés comme tous les ans à l’époque avec des copains pour notre ski-bridge à La Clusaz, dans la neige : je n’en dirais pas autant de Chloé à qui j’ai mis ces mêmes bottines qui a refusé catégoriquement d’avancer ainsi équipée.
Chanel nous a quittés après une semaine de souffrance. Elle avait des crises d’épilepsie et je m’affolais à chacune d’elles. Pourtant amenée une première fois aux urgences vétérinaires de Montpellier et laissée 24 h et récupérée les jours suivants sans amélioration, c’est en fin de semaine que nous l’avons ramenée mais cette fois le samedi pour une IRM devant se produire le lundi suivant. Le dimanche soir, on me demandait s’il fallait la réanimer ou la laisser tranquillement partir puisque sa vraisemblable tumeur au cerveau n’était pas opérable.
Elle aussi a eu son urne avec de surcroît sa natte qu’elle portait assez longue et l’empreinte de sa petite patte avant droite gravée dans du plâtre. Cette boîte est toujours depuis 2018 sur ma table de nuit.
L’épreuve subie était quasi insurmontable et Jean-Louis se mit en quête de trouver un chien de petite taille qui avait tout du York sauf la couleur de la robe. C’est ainsi que nous sommes allés choisir le chiot qui fait désormais partie intégrante de notre vie …







PÉTUNIA dite CHLOÉ, la sétoise
C’est elle qui, sans conteste, du fait de sa rareté, à été et continue de l’être le plus photographiée et filmée. Et puis c‘est notre benjamine.

La suite prochainement…